Nabucco, c’est un projet de gazoduc reliant la Caspienne à l’Europe, via l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et enfin l’Autriche. Soit près de 3 300 km de tubes.
Le coût de ce pipeline est estimé entre 5 et 6 milliards de dollars. Les travaux devraient commencer en 2009 et durer trois ans. Pour l’UE, c’est une priorité actée en 2006. Il s’agit de diversifier les approvisionnements énergétiques des Européens pour éviter la dépendance à l’égard de la Russie.
La France, par l’intermédiaire de Gaz de France, devait participer au consortium comprenant cinq firmes représentant les cinq pays concernés. Mais la Turquie a mis son ola pour deux raisons : Ankara reproche à Paris de me
ttre des bâtons dans les roues dans ses négociations d’adhésion à l’UE. Ankara condamne la France pour avoir laissé l’Assemblée nationale adopter en octobre 2006 une proposition de loi pénalisant la négation du génocide des Arméniens de 1915. La Turquie nie cette réalité et en représailles sanctionne Paris pour son zèle législatif.
En février 2006, lors d’un voyage officiel en Turquie, Hervé Novelli, ministre du commerce extérieur et des entreprises, a déclaré que la France jetait l’éponge et renonçait à apporter son assistance technique au projet pharaonique Nabucco.
La France a bien fait. Participer à ce projet avait des avantages. Mais aussi des inconvénients. J’en vois deux. Le premier – et tous les industriels du pétrole et du gaz vous le diront – c’est qu’il vaut mieux participer à la construction d’un pipeline qui traverse la mer. Par indépendance et par économie des coûts. Dans cette perspective, Gaz de France devrait apporter son savoir-faire au projet russe, South Stream, qui traverse la mer Noire d’Est en Ouest et qui est bien plus en avance par rapport à son rival Nabucco. La Russie a signé en janvier un accord gazier avec la Bulgarie.
Le second, c’est que Nabucco est loin d’être fait. Et pourrait peut-être prendre encore plus de temps que prévu. Or, la France n’a pas de temps à perdre et sa participation à des projets russes a de plus fortes chances de se concrétiser. Pourquoi ? Car la Russie, qui dispose des plus fortes réserves de gaz dans le monde, est sensible à la haute technologie de l’industrie pétrolière française, notamment dans la liquéfaction du gaz, technique que les Russes ne maîtrisent pas encore et qui s’avère très utile sur le plan financier. Si Paris augmente sa participation dans South Stream, la France renforce, outre sa responsabilité dans la diversification des approvisionnements de l’UE, son influence auprès de la Russie. C’est un pari sur l’avenir. Mais comme Moscou n’investit pas assez année après année et ne réduit pas la consommation de gaz sur son marché intérieur, les industriels français savent que les Russes sont condamnés à investir, ré-investir et sur-investir. Par ailleurs, si le Kazakhstan et le Turkménistan privilégient leurs relations énergétiques avec la Russie, Nabucco risque de voir son baptême sans cesse reporter.
Voilà pourquoi Paris n’a pas fait d’histoire en apprenant que Gaz de France est indésirable en Turquie. Les autorités françaises regrettent. Or, combien de regrets pour de si grands espoirs à moyen terme ? Pas beaucoup.
Reste désormais à savoir comment la France va répondre au « non » de la Turquie, alors qu’elle prend la présidence de l’Union européenne à partir du second semestre 2008… Ankara tient absolument au projet Nabucco pour peser sur le processus d’adhésion à l’UE. Créer une communauté de destin entre Ankara et Bruxelles, faire en sorte que la Turquie ait besoin de l’UE autant que l’UE a besoin de la Turquie. Mais, en écartant la France, Ankara risque de s’en mordre les doigts. Sans participer à Nabucco, Paris était déjà contre l’adhésion de la Turquie à l’UE et lui propose en échange un partenariat privilégié avec Bruxelles et de participer au projet d’Union de la Méditerranée. Imaginez la réaction de la France maintenant qu’elle est mise hors-jeu de Nabucco ???
Jusqu’au « non » turc, la France et la Turquie avaient décidé de chercher les conditions de l’apaisement dans leurs relations bilatérales. Bernard Kouchner s’était rendu en Turquie pour transmettre ce message à son homologue turc. Le gouvernement français a également donné son accord au lancement d’une Saison de la Turquie en France en 2009…
Depuis le « non » à Gaz de France, Paris peut encore agir sur deux plans : elle pourrait d’une part mettre à profit sa présidence de l’UE pour « pourrir » le processus d’adhésion d’Ankara et d’autre part mettre à l’ordre du jour du Sénat l’examen de la proposition de loi sur la négation du génocide des Arméniens. Sans oublier les élections européennes l’an prochain où le facteur turc pèsera encore et toujours sur les scrutins.
Le coût de ce pipeline est estimé entre 5 et 6 milliards de dollars. Les travaux devraient commencer en 2009 et durer trois ans. Pour l’UE, c’est une priorité actée en 2006. Il s’agit de diversifier les approvisionnements énergétiques des Européens pour éviter la dépendance à l’égard de la Russie.
La France, par l’intermédiaire de Gaz de France, devait participer au consortium comprenant cinq firmes représentant les cinq pays concernés. Mais la Turquie a mis son ola pour deux raisons : Ankara reproche à Paris de me
ttre des bâtons dans les roues dans ses négociations d’adhésion à l’UE. Ankara condamne la France pour avoir laissé l’Assemblée nationale adopter en octobre 2006 une proposition de loi pénalisant la négation du génocide des Arméniens de 1915. La Turquie nie cette réalité et en représailles sanctionne Paris pour son zèle législatif.En février 2006, lors d’un voyage officiel en Turquie, Hervé Novelli, ministre du commerce extérieur et des entreprises, a déclaré que la France jetait l’éponge et renonçait à apporter son assistance technique au projet pharaonique Nabucco.
La France a bien fait. Participer à ce projet avait des avantages. Mais aussi des inconvénients. J’en vois deux. Le premier – et tous les industriels du pétrole et du gaz vous le diront – c’est qu’il vaut mieux participer à la construction d’un pipeline qui traverse la mer. Par indépendance et par économie des coûts. Dans cette perspective, Gaz de France devrait apporter son savoir-faire au projet russe, South Stream, qui traverse la mer Noire d’Est en Ouest et qui est bien plus en avance par rapport à son rival Nabucco. La Russie a signé en janvier un accord gazier avec la Bulgarie.
Le second, c’est que Nabucco est loin d’être fait. Et pourrait peut-être prendre encore plus de temps que prévu. Or, la France n’a pas de temps à perdre et sa participation à des projets russes a de plus fortes chances de se concrétiser. Pourquoi ? Car la Russie, qui dispose des plus fortes réserves de gaz dans le monde, est sensible à la haute technologie de l’industrie pétrolière française, notamment dans la liquéfaction du gaz, technique que les Russes ne maîtrisent pas encore et qui s’avère très utile sur le plan financier. Si Paris augmente sa participation dans South Stream, la France renforce, outre sa responsabilité dans la diversification des approvisionnements de l’UE, son influence auprès de la Russie. C’est un pari sur l’avenir. Mais comme Moscou n’investit pas assez année après année et ne réduit pas la consommation de gaz sur son marché intérieur, les industriels français savent que les Russes sont condamnés à investir, ré-investir et sur-investir. Par ailleurs, si le Kazakhstan et le Turkménistan privilégient leurs relations énergétiques avec la Russie, Nabucco risque de voir son baptême sans cesse reporter.
Voilà pourquoi Paris n’a pas fait d’histoire en apprenant que Gaz de France est indésirable en Turquie. Les autorités françaises regrettent. Or, combien de regrets pour de si grands espoirs à moyen terme ? Pas beaucoup.
Reste désormais à savoir comment la France va répondre au « non » de la Turquie, alors qu’elle prend la présidence de l’Union européenne à partir du second semestre 2008… Ankara tient absolument au projet Nabucco pour peser sur le processus d’adhésion à l’UE. Créer une communauté de destin entre Ankara et Bruxelles, faire en sorte que la Turquie ait besoin de l’UE autant que l’UE a besoin de la Turquie. Mais, en écartant la France, Ankara risque de s’en mordre les doigts. Sans participer à Nabucco, Paris était déjà contre l’adhésion de la Turquie à l’UE et lui propose en échange un partenariat privilégié avec Bruxelles et de participer au projet d’Union de la Méditerranée. Imaginez la réaction de la France maintenant qu’elle est mise hors-jeu de Nabucco ???
Jusqu’au « non » turc, la France et la Turquie avaient décidé de chercher les conditions de l’apaisement dans leurs relations bilatérales. Bernard Kouchner s’était rendu en Turquie pour transmettre ce message à son homologue turc. Le gouvernement français a également donné son accord au lancement d’une Saison de la Turquie en France en 2009…
Depuis le « non » à Gaz de France, Paris peut encore agir sur deux plans : elle pourrait d’une part mettre à profit sa présidence de l’UE pour « pourrir » le processus d’adhésion d’Ankara et d’autre part mettre à l’ordre du jour du Sénat l’examen de la proposition de loi sur la négation du génocide des Arméniens. Sans oublier les élections européennes l’an prochain où le facteur turc pèsera encore et toujours sur les scrutins.