vendredi 21 mars 2008

Ahmadinejad, Al-Maliki, Fallon et les autres

La démission de l’amiral William Fallon de son poste de chef du CentCom (Central Command) de l’armée américaine a-t-elle un lien avec la politique américaine en Iran ? Cet amiral prêt à donner même quand on ne lui demande pas a remis en question la stratégie de l’administration Bush en Irak. Il paie chère son désaccord. Mais comme le disent les militaires, un officier en exercice, fut-il général ou amiral, ne peut pas aller à l’encontre de sa hiérarchie.

Il a le droit d’exprimer des doutes. Mais en interne. Pas en public, comme il l’a fait en confiant à un journaliste Thomas Barnett de la revue Esquire. Sans prononcer le nom du président Bush, l’amiral tient des propos sévères sur le conduite de la guerre et la vision des conflits, se mettant à dos le général David Petraeus, commandant en chef du contingent américain dont les méthodes en Irak enregistrent des succès dans la lutte contre le terrorisme.

Mais si derrière cette démission se cachait une volonté américaine de muscler son discours à l’égard de l’Iran ? L’amiral juge que la guerre contre l’Iran n’est pas possible, du moins c’est à cela qu’il travaille, dit-il. En faisant sauter l’obstacle dans la chaîne de commandement, Washington, dont Bush est le chef des armées, n’oublions pas, pourrait très bien envisager avec plus de sérénité la mise en place d’un processus militaire contre l’Iran. Pas une offensive terrestre, les Américains n’en ont pas les moyens aujourd’hui, le matériel n’est pas opérationnel, le nombres de missiles insuffisant et l’Amérique est en année électorale. Non pas une offensive au sol mais des frappes préventives. Un raid de chasseurs et des opérations commandos. Ou encore plus cyniquement jouer avec les nerfs des Iraniens : changer de chef d’état-major pour renforcer la menace d’une attaque. Mais juste la menace. Menacer sans intervenir, poursuivre la guerre psychologique d’une certaine manière.

En même temps, les Etats-Unis enregistrent à l’occasion du cinquième anniversaire de la guerre en Irak, quelques progrès en Mésopotamie. La violence recule dans les provinces irakiennes. Mais pourquoi ? S’agit-il simplement des effets du « surge » (renfort) ? Et de la méthode du général David Petraeus qui consiste à payer les milices contre Al Qaida ? D’une prise de conscience des Irakiens contre Al Qaida ? Non, il semblerait, d’après tous les experts, qu’Iraniens et Américains se soient mis d’accord sur place, pour que l’accalmie règne un temps en Irak. Pour les Américains, l’année 2008 est une année électorale. Pour les Iraniens, il faut garder Al-Maliki, le premier ministre irakien, au pouvoir à Bagdad.

Alors, deux processus, deux langages. Rien de nouveau. D’un côté, on discute et négocie avec des résultats. De l’autre, on s’impatiente et se prépare à toutes les éventualités.



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